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Rencontre avec Alexis Eve : une vision unique pour réinventer la formation et les ressources humaines

Rencontre avec Alexis Eve : une vision unique pour réinventer la formation et les ressources humaines

Trends 3 min

Plonger dans l’univers de la French Tech avec Alexis Eve, c’est découvrir une approche unique et humaine de la croissance des startups. Fondateur de Yaniro en 2018, Alexis accompagne les start-ups et scale-ups françaises en formant leurs managers et en coachant leurs dirigeants pour les aider à grandir sans douleur. À travers cette interview exclusive pour Capsule Media, Alexis nous partage, sans langue de bois, ses insights sur le rôle des ressources humaines et l’évolution de la formation.


Alexis, pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ?

Je m'appelle Alexis, j'ai 36 ans et j'ai fondé Yaniro en 2018 avec des cofondateurs. Notre mission est d'aider les startups et scale-ups françaises à faire grandir leurs individus clés en même temps que leur entreprise, sans se faire mal. Nous formons les managers de la French Tech, coachons les dirigeants et accompagnons les RH en diffusant les meilleures pratiques de l’écosystème. Depuis notre création, nous avons accompagné environ 150 startups et scale-ups, formé entre 500 et 700 managers et coaché plus d'une centaine de fondateurs et fondatrices.


Quel est, selon vous, le rôle des ressources humaines dans une organisation aujourd'hui ?

Dans l'environnement que je connais le mieux, à savoir les startups et scale-ups françaises, les RH jouent un rôle crucial. Ces structures sont caractérisées par leur croissance rapide et les crises de croissance qui en découlent. La fonction RH n'est ni plus ni moins que la partie interne de la croissance. Leur travail consiste à attirer, onboarder, développer et fidéliser les talents, tout en s'assurant d'un bouche-à-oreille positif concernant l'entreprise.


Voyez-vous une souffrance croissante parmi les professionnels des RH dans les startups ?

Absolument. Il y a une crise monumentale parmi les RH dans le milieu startup. Beaucoup se déclarent proches du burn-out. À cause de la crise économique actuelle de la French Tech, de nombreux RH jettent l'éponge ou se tournent vers des environnements moins exigeants. Certains se mettent en freelance pour apporter de la valeur dans une position externe, mais beaucoup souffrent encore dans les entreprises.


Quelles évolutions envisagez-vous pour les modèles RH des entreprises ?

Il y a deux futurs possibles, et je pense que les deux vont arriver en même temps, c'est juste une question de répartition. Certaines entreprises vont augmenter leur compliance RH, en arrêtant par exemple de nicher la fonction RH sous le DAF et à la place, ils vont créer une véritable compétence sociale.

On observe aussi des signaux faibles, notamment aux États-Unis, où des entreprises explorent des modèles sans RH, y compris des grandes entreprises tech comme Airbnb et Slack. Dans ces modèles, le recrutement, l'onboarding et le ramp-up sont gérés par les managers, les sujets publics par les fondateurs, les sujets administratifs par des entreprises externalisées, et les sujets juridiques par des cabinets d'avocats. Ces modèles fonctionnent et pourraient se répandre.


Comment voyez-vous l'avenir des ressources humaines d'ici 2030 ?

En 2030, il y aura une fracture énorme entre ceux qui savent utiliser les outils d'IA et ceux qui ne le savent pas. Les RH qui ne maîtrisent pas ces outils deviendront inemployables, tandis que ceux qui les maîtrisent permettront aux entreprises de saisir de nouvelles opportunités. La productivité des personnes utilisant l'IA sera largement supérieure à celle des autres.


Quelle est votre opinion sur les formations actuelles des managers en startups ?

Le niveau moyen de management en startup est catastrophique, mais ce n'est pas la faute des managers. Beaucoup de fondateurs sont des primo-founders qui nomment des primo-managers, ce qui entraîne un manque de références et de benchmarks. Ils tâtonnent et commettent de nombreuses erreurs. Nous avons constaté que le niveau général des formations au management est médiocre, et il y a une acceptation générale de cette médiocrité par lassitude. Mais heureusement, de plus en plus d'initiatives voient le jour pour combler ces lacunes et offrir aux managers le soutien et les outils nécessaires pour exceller dans leurs rôles.


Quels sont les éléments essentiels d'une bonne formation pour les managers selon vous ?

La meilleure pédagogie repose sur l'expérimentation plutôt que sur l'apprentissage passif. Il est crucial que les formations permettent aux managers de pratiquer intensément. C'est la répétition et le volume de pratique qui rendent les managers compétents, pas seulement la compréhension intellectuelle des concepts. Chez nous, toutes les formations fonctionnent en mode Montessori.


Voyez-vous des différences générationnelles dans l'apprentissage et la formation ?

Non, il y a beaucoup de mythes à ce sujet. La concentration et l'attention ne dépendent pas de la génération mais du cadre posé. Nous demandons aux participants de nos formations de mettre leurs téléphones et ordinateurs de côté pour se concentrer pleinement. Les apprenants aujourd'hui sont simplement plus exigeants et attendent des contenus de haute qualité.


Un cliché sur le monde du travail que vous souhaitez démentir ?

Le monde du travail n'est pas une grande famille. Une entreprise est une équipe de sport avec des objectifs à atteindre. Aussi, les RH ne sont pas des tortionnaires. Ce sont souvent des personnes qui font leur travail par humanisme et conviction, et leur rôle est bien plus difficile que ce que l'on imagine.


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