Naviguons dans les eaux de la formation comportementale avec Raphael Nabet, consultant en RH et formateur pour différentes entités du Groupe Vinci.

Dans cette interview, Raphael nous dévoile comment il utilise l'histoire du Titanic pour sensibiliser les équipes aux erreurs humaines et organisationnelles, avec un objectif clair : anticiper et éviter les naufrages… mais cette fois, sur les chantiers !

🎙️Pouvez-vous nous présenter votre parcours et vos missions actuelles ?

Je m’appelle Raphaël Nabet, j’ai 50 ans et je suis consultant en formation depuis 18 ans. J'ai fait mes armes en créant des formations sur mesure, en les déployant, et en évaluant leur impact. Mon client historique est Vinci, avec qui je travaille depuis mes débuts.

Dans ma nouvelle formation, co-construite avec Jorgen Mareau, ancien directeur de la prévention de Sogea Satom, j’utilise l’histoire du Titanic pour explorer des erreurs humaines et organisationnelles, avec l’objectif de sensibiliser les équipes à mieux anticiper les risques sur les chantiers.

🧠 Qu’entendez-vous par "formation comportementale" ?

Contrairement aux formations techniques, qui consistent à transmettre des connaissances spécifiques, les formations comportementales visent à modifier les comportements et les habitudes. On travaille sur le rapport aux autres, la gestion des risques, et la communication.

Dans le secteur du bâtiment, il y a souvent cette mentalité du "métier d'Homme" où la prise de risque est valorisée. Mon but avec cette formation est de changer cette culture, c'est-à-dire les comportements, pour une plus grande sécurité et une meilleure anticipation des risques.

🚢 Pourquoi avoir choisi le Titanic comme modèle pour cette formation ?

Le Titanic est un cas d’école : une succession d'erreurs, d’incompréhensions, et de mauvaises décisions, qui ont conduit à la catastrophe. Je voulais quelque chose de percutant, une histoire que tout le monde connaît et qui a un impact immédiat. Avec le Titanic, on explore les erreurs de gestion, les failles organisationnelles et les comportements humains face aux situations critiques.

Sur les chantiers, on retrouve les mêmes problématiques : une mauvaise gestion des priorités, la pression des délais, ou encore le manque de communication.

Le parallèle m’a paru évident et ludique ! J’ai créé une formation amusante avec un narratif fort qui plonge les participants dans une formation immersive, qui va les embarquer et les marquer !

🚧 Quand le Titanic rencontre le chantier : pouvez-vous nous détailler les différentes étapes ?

Tout à fait, au total il y en a 9, mais les trois qui me paraissent représentatives sont les suivantes :

☑️ Il y a tout d’abord le devoir d'alerte face à l’incendie dans la cale. Le Titanic a pris la mer avec un incendie dans la soute à charbon, malgré les consignes de sécurité. Sur les chantiers, c’est l’équivalent de ne pas exercer son "STOP" – chez Vinci, le droit pour tout employé de stopper une activité s’il perçoit un danger. Il faut oser exprimer ses craintes et alerter sur les risques. On peut parler de l'homéostasie du risque à ce moment-là : plus vous faites quelque chose de dangereux par habitude, moins vous y êtes attentif. Et plus ça devient dangereux.

☑️ Deuxième étape : la course au record et ses dérives. La pression pour battre des records de vitesse a conduit le Titanic à naviguer dangereusement vite. Dans les entreprises, cette même pression sur les résultats amène parfois à négliger la sécurité. Ma formation amène les participants à comprendre que la sécurité prime sur l’atteinte de certains objectifs.

☑️ Passons à la troisième étape : la panne de TSF et la mauvaise gestion des priorités. Les opérateurs TSF du Titanic, trop concentrés sur les messages pour les passagers de première classe, ont ignoré plusieurs alertes sur les icebergs. Cela illustre l'importance de fixer des priorités claires. Sur un chantier, ne pas comprendre l’urgence peut conduire à des erreurs aux conséquences dramatiques.

📣Quels sont les retours d’expérience et enseignements de cette formation ? Comment les participants réagissent-ils ?

Les premiers retours sont positifs et, fait inédit, des personnes qui n'ont pas encore suivi la formation viennent me demander quand ils pourront y participer ! Cela montre que la formation les touche vraiment. Elle est immersive, elle les fait réfléchir à leurs pratiques et surtout, elle met en lumière l'importance de leur rôle dans la culture de la sécurité.

Chez Vinci, les cadres ont vraiment joué le jeu. Ils me disent tout simplement que, pour une fois, on les met face à leur réalité ! Parce qu'en fait, les erreurs qui conduisent au désastre, sont souvent des erreurs de management, pas des erreurs des personnes en bas de l’échelle. Ça secoue ! Et forcément cela implique d’accompagner les managers, pour qu’eux aussi se sentent soutenus.

🦺 Quel rôle joue réellement la culture d’entreprise dans la sécurité ?

La culture d'entreprise est un facteur déterminant. Dans une entreprise qui valorise avant tout la rentabilité, la sécurité peut être perçue comme secondaire. L’objectif de cette formation est aussi d’inciter les managers à être exemplaires et à prendre leurs responsabilités, car ce sont eux qui diffusent la culture jusqu’au moindre maillon de l’organisation. Une culture d'entreprise plaçant les enjeux de sécurité au premier plan, plutôt que la rentabilité ou la rapidité d'exécution, est l'objectif que nous poursuivons.

Une conclusion ?

L'intérêt de cette formation est avant tout d’utiliser des ressorts qui fonctionnent aujourd’hui, le storytelling, le séquençage court, la ludopédagogie, l'immersion. Les effets sont là, l'objectif opérationnel est atteint. J’y vois donc une double efficacité : on peut modifier les humains et la conduite de projets lourds sans perdre l’efficacité.

À vous de jouer dans vos entreprises pour mettre en place des formations comportementales innovantes et inspirantes. Et pour démarrer, n’hésitez pas à contacter Raphael Nabet !